Πέμπτη 26 Σεπτεμβρίου 2013

L'œil de la rédaction / L'Europe peut-elle tolérer le parti néo-nazi grec Aube dorée ?


Le meurtre d'un chanteur de rap anti-fasciste par un membre d'Aube dorée relance la polémique sur la présence au parlement grec de ce parti néo-nazi. 
Un rapport de la Commission des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe de février dernier tirait la sonnette d'alarme sur les crimes racistes et les appels à la haine perpétrés par ce parti politique. 
L'Union européenne peut-elle tolérer que des partisans d'Hitler siègent dans le parlement de l'un de ses pays membres ?
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Couleurs, apparence: 
les ressemblances entre la croix d'Aube dorée et la croix gammée nazie sont…marquées (photo : afp)
25.09.2013Par Pascal HérardLe paradoxe ne laisse pas de surprendre tant il est énorme: 
l'Union européenne, créée peu après la seconde guerre mondiale pour empêcher le retour du nazisme, accueille en son sein un parti politique ouvertement hitlérien et dont 18 de ses membres siègent au parlement grec depuis juin 2012. 
On pourrait croire à une mauvaise blague ou un détournement politique sans véritable conséquence, mais la réalité grecque du parti Aube dorée vient pourtant s'imposer, angoissante et emplie de souvenirs détestables. 
Le parti néo-nazi qui a atteint 7% des voix en 2012 est aujourd'hui crédité de 13% d'intentions de vote dans les sondages, et, gonflé à bloc par ces résultats, ne cesse de déborder, tant au parlement hellénique que dans les rues des grandes villes grecques. 
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Manifestants d'Aube dorée effectuant le salut nazi (photo : afp)

Chasser les étrangers et aider les Grecs de souche

Aube dorée effectue de véritables chasses aux étrangers qui se finissent par des tabassages en règle ; contrôle les vendeurs des marchés d'origine étrangère pour détruire les stands de ceux qui n'ont pas leurs papiers en règle ; sillonne les rues de nuit regroupé en milices (voir vidéo en encadré).

Le programme du parti, dont les symboles ne prêtent pas à confusion tant ils sont calqués sur ceux du IIIème Reich, est clair: arrestation et déportation des immigrés illégaux, installation de mines anti-personnelles à la frontière turque, installation de "forces spéciales" aux frontières, par exemple. 
 En attendant, le parti néo-nazi pratique les saluts nazis, les attaques meurtrières à l'arme blanche contre des immigrés ou des antifascistes, et organise des soupes populaires réservées aux "Grecs de souche"
Le parti de l'Aube dorée n'est pas un simple parti nationaliste, selon le spécialiste grec de l'extrême droite Dimitris Sparras : 
"Aube dorée est en réalité un parti nazi, une résurgence du parti national-socialiste d'Adolph Hitler.
Si les représentants du parti s'en défendent auprès de la presse, ils ne s'en cachent par contre pas dans leurs publications, leurs représentations symboliques ou leurs défilés. 
Reste désormais une question lancinante: 
est-il possible d'accepter qu'un pays de l'Union européenne, la Grèce, accueille parmi ses représentants nationaux des nostalgiques d'Hitler dont les exactions sont connues et la vocation fasciste établie ?

Les députés d'Aube doré au parlement grec (photo : afp)

Le conseil de l'Europe accueille les néo nazi grecs

Le gouvernement grec vient de réagir à l'encontre d'Aube dorée, suite au meurtre du rappeur grec Killah P, en demandant l'ouverture d'une enquête. 
Mais comme le spécialiste de l'extrême droite Dimitris Sparras le souligne, c'est "la première fois qu'un Grec est tué par Aube dorée, jusque là, c'étaient des étrangers
C'est pour ça qu'ils se sentent obligés de réagir."

Le gouvernement grec n'a pas toujours été enclin à s'en prendre au parti Aube dorée, voire, à l'inverse, l'a cautionné, comme en octobre 2012, en nommant Eleni Zaroulia (la compagne du président du parti néo-nazi, Nikos Michaloliakos) à la délégation nationale à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. 
Comble de l'ironie, c'est cette députée qui déclarait que les migrants présents en Grèce étaient des "sous-hommes" — reprenant par cette phrase la théorie du parti nazi d'Adolf Hitler qui a mené à l'extermination de plus de six millions d'êtres humains — et qui siège aujourd'hui au sein de la Commission pour…l’égalité et la lutte contre les discriminations.

Le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muižnieks (voir interview en fin d'article), qui s'est rendu en Grèce du 28 janvier au 1er février 2013, s'inquiète dans son rapport des crimes racistes perpétrés en Grèce et très souvent reliés à des membres du parti néo-nazi Aube dorée :

"Le Commissaire est gravement préoccupée par l'augmentation des crimes haineux ou racistes en Grèce,  crimes et actes qui visent principalement les migrants et constituent une menace sérieuse pour l'Etat de droit et la démocratie. 
Un certain nombre d'attaques signalées sont liées à des membres ou des sympathisants du parti "Aube dorée", y compris les députés, parti politique néo-nazi qui a remporté des sièges au parlement en juin 2012. 
Tout en saluant le fait que les autorités grecques ont adopté de nouvelles mesures pour lutter contre la violence raciste, le commissaire déplore que le discours stigmatisant à propos des migrants a été largement utilisé dans la politique grecque, et que les mesures de contrôle de l'immigration mises en place ont conduit à la poursuite de la stigmatisation de ces migrants. 
Le Commissaire appelle les autorités à condamner fermement et sans équivoque tous les discours de haine et les crimes haineux."

Eleni Zaroulia et son compagnon Nikos Michaloliakos, leader du parti Chryssi Avghi — Aube dorée en français (photo : afp)

Que peut l'Europe ?

Déplorer, appeler à condamner : le Conseil de l'Europe ne peut pas faire plus, face à un parti politique comme Aube dorée, qui renie toutes les valeurs défendues par ce même Conseil, que produire un rapport de 32 pages. 

C'est un premier pas, mais faut-il encore que le gouvernement grec veuille en faire quelque chose.

La progression de partis d'extrême droite, racistes, révisionnistes, souvent mêlés à des mouvements de type néo-nazi en Europe est réelle, comme en Autriche, Hongrie, Bulgarie, Lettonie, Suède, Norvège, ou…au Royaume-Uni

L'Union européenne, quant à elle, ne pourrait-elle pas demander à la Grèce l'interdiction de ce parti ouvertement néo-nazi en se référant à la charte des droits fondamentaux (voir encadré) ? 

L'eurodéputé Thijs Berman estime qu'"il y a un principe inviolable très important dans l'Union européenne, c'est celui de la liberté d'association. 

Il faut être extrêmement prudent avec cette liberté, il ne faut pas qu'il y ait de l'arbitraire là-dedans, et pour moi, député européen, la liberté d'expression, la liberté d'association, c'est primordial. 

Maintenant si un parti prône la discrimination, la violence, la haine, on peut espérer qu'il y ait des lois dans l'Etat concerné qui permettent d'agir, pour, au plus extrême, interdire ce parti. 

Mais c'est là une question nationale, parce que c'est un problème pénal et le pénal est en grande partie national."

Pourtant, la question d'une montée de ces partis ouvertement anti-démocratiques par leurs revendications et leur message politique, et qui pourraient à terme voir l'émergence d'un fascisme du XXIème siècle en Europe, a tendance à agacer l'eurodéputé. 

Thijs Berman dénonce les politiques nationales grecques déplorables de ces dernières années : 

"Pourquoi ce parti existe et a du succès ? 

 Parce que les partis établis, des socialistes aux chrétiens-démocrates ont failli dans leurs responsabilités et ont trompé le peuple. 

Ces partis établis ont creusé une dette intenable, mais qu'à un moment il faut honorer. 

C'est de la faute des partis au pouvoir depuis des décennies si un parti extrémiste peut surgir. 

Il faut que ces partis se regardent dans le miroir au lieu de pousser des cris d'orfraie en disant "oh ce sont les fascistes, ils sont très méchants". 

Ces partis devraient plutôt se dire "et nous, qu'avons-nous fait ?".  

Et puis nous l'Europe, n'avons-nous pas abandonné les Grecs les plus pauvres ? 

Ce sont les fascistes qui leur donnent à manger avec des soupes populaires".

Les organes et institutions européennes ne peuvent pas tout, et la sombre réalité politique grecque entretenue par Aube dorée doit être combattue par la Grèce elle-même, en premier lieu. 

Si l'Union européenne et le Conseil de l'Europe peuvent donner de la voix, condamner les propos et les actes d'un parti néo-nazi, ce ne sont pas à ces structures inter-étatiques de décider d'interdire ou de laisser actif un parti politique au sein d'une nation souveraine. 

Mais comme le souligne l'eurodéputé, l'Europe n'est pas sans responsabilité : 

 "Si nous imposons, nous l'Europe, des mesures drastiques qui ont des conséquences catastrophiques sur la population, il ne faut pas s'étonner que des mouvements extrémistes surgissent." 

Cette analyse face à ces partis d'extrême droite qui surfent sur la vague de la crise sociale et économique, est, pour l'élu européen, beaucoup plus importante que toutes les autres :  

"Cela doit mener l'Europe à entamer des actions, comme investir dans le travail des jeunes, faire que les entreprises reviennent en Grèce, au pire annuler une partie de la dette, ou faire des euro-obligations pour la mutualiser !

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/grece-elections-legislatives-mai-2012/p-26314-L-Europe-peut-elle-tolerer-le-parti-neo-nazi-grec-Aube-doree-.htm

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